Histoire de remparts

Collines et habitat dispersé

En bordure du plateau de l’Isle Crémieu, entourée de marécages, se situe une avancée de plateau : la colline de St Hippolyte et une butte témoin, qui culmine 25m plus bas, la colline St Laurent ; le tout se trouvant au débouché de plusieurs vallées permettant une circulation facile entre les marais et le plateau. Tout autour de l’Isle Cremieu, le plateau surplombe la plaine de 75 mètres en moyenne.

Époque pré et proto historique. Sur St Hippolyte : présence d’un oppidum (refuge fortifié) de type éperon barré (4/5 falaise et 1/5 murus gallicus) sur 4ha ; accès facile, mais bien défendu depuis la plaine et le plateau. Rien à St Laurent.

Époque romaine. Habitat dispersé en plaine et sur le plateau mais rien à Crémieu.

Fin empire romain, époque mérovingienne. L’oppidum est réutilisé comme refuge temporaire ; on récupère des matériaux dans les ruines voisines, d’où la présence de tuiles et de colonnes ; construction d’un oratoire, à l’emplacement de l’église du prieuré, avec un cimetière. Rien sur St Laurent.

9e-10e siècles. Suite aux invasions sarrasines et vikings et aux guerres civiles, construction d’un château en bois sur motte, avec basse-cour, sur le seul emplacement permettant de voir et d’être vu, en étant protégé : le sommet de St Laurent.

Présence de quelques religieux sur St Hippolyte (mur carolingien dans les vestiges de l’église).

Le début des villages

11e-12e siècles. Sur St Laurent, la pierre remplace le bois ; les habitats dispersés se regroupent peu à peu (sur un siècle) au pied du château, sur cette colline naturellement défendue par des falaises et des marais ; c’est le centre du pouvoir, du commerce, du culte et lieu de refuge ; une petite ville se créée ; c’est le début de la notion de village, de communauté villageoise.

13e siècle. Suite à divers troubles (Savoie-Dauphiné, croisade des Vaudois, rivalités entre seigneurs), une première fortification entoure la colline St Laurent ; prieuré sur St Laurent, dépendant de l’abbaye de St Chef ; portes de Lyon et porte de Quirieu.

L’âge d’or de Crémieu

14 e-15e siècles. Au sud, l’habitat déborde du rempart, et forme un faubourg à l’emplacement des marais drainés : construction des halles, de couvents. Suite à de nouveaux troubles (dont la guerre de 100 ans), une nouvelle ligne de remparts est construite au sud ; réaménagements ailleurs ; porte des moulins et porte de la loi ; cette muraille englobe St Hippolyte, car dominant la nouvelle ville (alors que la cité du 13e n’était pas à portée de flèches). C’est l’âge d’or de la ville, située sur la route de Lyon à l’Italie, et ville forte importante à la frontière du Dauphiné et de la Savoie.

16e-17e siècles. Porte neuve début 16e ; fermeture des portes de Quirieu et de Lyon ; en 1590, François de Lesdiguières attaque inutilement St Hippolyte, bien défendue par ses contreforts ; ensuite, abandon progressif des fortifications, inefficaces contre l’artillerie, déclin commercial de la ville ; l’édit de Richelieu de 1629 exigeant la destruction des forteresses et remparts hors frontières ne s’applique pas à Crémieu, dont le château et les murailles n’ont plus aucune valeur défensive.

La persistance des remparts puis leur mise en valeur

18e-21e siècles. Les remparts servent de parapet sur une bonne partie, de murs de maisons, ou subsistent dans les soubassements ; 80 % sont visibles et le reste repéré ; ils méritent d’être dégagés, entretenus, restaurés, mis en valeur, et montrés à tous car c’est un bien inestimable et rare ; les remparts de Crémieu, soit 2200 mètres sont plus longs que ceux de Carcassonne (1250 m.), Aigues Mortes (1600 m.), Saint-Malo (1754 m.), …

Les vestiges de ces remparts nécessitent une attention, une admiration de tous. Et les nombreuses constructions classées du centre-ville (halles, cloitre, églises, immeubles, etc.…) témoignent d’une grande richesse historique.